Depuis quelque mois, les premières bandes annonces et affiches de G.I. Joe 2 nous promettaient quelque chose d’assez jouissif. Avec sa débilité assumée, son casting alléchant agrémenté de deux figures phares du cinéma d’action et sa volonté de se détacher partiellement du premier opus, le deuxième volet nous faisait envie et l’on était curieux de le découvrir en salles au début du mois d’août. Malheureusement, Paramount a repoussé le projet de 9 mois et la bourrinade ne verra le jour sur les écrans français qu’à partir d’avril 2013. Même si la conversion en 3D est le motif principal de ce retard, pas mal de rumeurs ont évoqué le tournage de nouvelles scènes, censées ramener à la vie le héros Channing Tatum, qui devait normalement laisser sa place aux cadors Bruce Willis et The Rock. Evidemment, malgré toutes les promesses des distributeurs, on ne peut s’empêcher de penser que tout cela sent mauvais. Le film deviendra-t-il aussi ridicule que le premier ? Là dessus, on reste convaincu que non.
G.I. Joe, le réveil du cobra, c’est le genre de nanar impardonnable à l’inutilité aussi grande que la nullité de son titre. D’ailleurs, n’attendez pas le cobra longtemps, il apparaît dans les cinq dernières minutes du film et l’on sait déjà qu’il ne sera pas présent dans le deuxième épisode.
En adaptant à l’écran l’univers des jouets Hasbro, Stephen Sommers met en scène un gros film de kékés, aux effets spéciaux qui paraissent déjà dépassés, même si certaines séquences de destruction massive restent impressionnantes, à l’image d’un sympathique effondrement de la Tour Eiffel. Le reste du temps, l’aspect visuel est cheap et de mauvais goût. Pour un budget de 175 000 000 dollars, on peut parler de gros ratage artistique. Sommers n’a pas le talent de Michael Bay (Transformers) qui, il faut bien l’admettre, sait mettre en boîte des moments spectaculaires même si ses œuvres ne sont pas des modèles d’intelligence.
L’autre gros problème du long métrage vient de son scénario et en particulier du développement des personnages. Tous les protagonistes manquent d’épaisseur et sont des stéréotypes, à commencer par le héros, Duke (Channing Tatum) soldat ultra patriote qui a laissé tomber sa vie privée pour servir son pays. On a rien contre ses valeurs, mais ici tout cela en devient ridicule tant le personnage ne jure que par l’action et la musculation. Evidemment, pour pimenter le récit, on lui colle aux basques son ex maléfique forcément sexy qui lui en veut pour ses erreurs passées. En plus de ça, on lui fournit un sidekick comique qui ne pense qu’à choper la donzelle de sa clique, qui préfère quant à elle réviser les bases de la mécanique quantique parce que les mecs, c’est tous des gros bâtards. En plus de ça, on ajoute un espèce de ninja habillé tout en noir qui rêve de tuer son alter ego japonais, tout de blanc vêtu mais beaucoup plus maléfique. En plus de ça, on reprend le méchant de La momie qui veut encore une fois prendre le pouvoir de la Terre. En plus de ça, on insère un gentil président des Etats Unis victime d’un complot organisé par le type de La momie et deux autres loubards, dont un trafiquant d’armes écossais et un Docteur bizarre à la tête complètement carbonisée.
Le pire, c’est que tous ces gros ringards sont interprétés par des acteurs talentueux, tels que Christopher Eccleston (28 jours plus tard), Jonathan Pryce (Le temps de l’innocence), Joseph Gordon-Levitt (Inception), Dennis Quaid (L’étoffe des héros) ou encore Channing Tatum, qui vient de nous convaincre avec son goût pour l’autodérision dans 21 jump street.
Quand on sait que les meilleurs films de Stephen Sommers sont probablement La momie et Van Helsing, on se demande si le cinéaste ne devrait pas s’inquiéter sur son choix de métier. En tout cas, G.I. Joe n’atteint jamais leur niveau. Ne faites pas comme nous, passez votre chemin.
Kévin Romanet